Rythme et temps du savoir dans la formation
La formation se constitue d’un temps que l’on peut qualifier d’exceptionnel, en ce sens qu’il n’est pas régi par les seules règles ordinairement appliquées dans l’entreprise ou l’institution. Si, au-delà des vocables en vogue selon les circonstances (formation tout au long de la vie, construction des compétences, employabilité, etc.), la formation traite du malaise dans le champ du travail et des résistances, voire des inhibitions, que celui-ci provoque, elle les traite le plus souvent à son insu, c’est-à-dire d’une manière que l’on peut qualifier à la fois de nécessaire et de décevante. Aussi la contradiction de principe qui existe entre la logique institutionnelle - le rythme qu’elle impose dans la construction des savoirs - et l’émergence possible d’un sujet dans le temps construit par l’acte de formation sera-t-elle interrogée. Pour peu que la personne en situation de former soit avertie de la dimension inconsciente mais aussi managériale de son activité, alors la pratique formative, parce qu’elle reconnaît son rapport essentiel au non savoir, promeut un temps d’exception qui rompt avec l’indifférence des institutions à la question du sujet. À cette condition, un renouvellement de la pensée du réel peut advenir, un savoir nouveau être mis en œuvre. Celui précisément qu’exigent les nouveaux modes d’organisation du travail, notamment quand ils fonctionnent en réseau. En conclusion sera proposée une possible topologie du concept inconfortable de formation qui articulera les trois dimensions du sujet, de la fondation et de la souveraineté.